Contexte
Une image montrant Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais et Ministre de la Communication, brandissant une carte d'identité, circule avec une légende affirmant qu'il s’était enrôlé dans l'armée congolaise pour aller combattre à l'est du pays. Cependant, après avoir contacté le cabinet de Patrick Muyaya et vérifié cette image via Google Images, il s'avère que cette information est fausse et que l'image a été utilisée hors contexte.
Légende et source de l’image
La page Facebook Diaspora Africaine a publié l’image ce 31 janvier à 14h26 heure de Goma avec une légende annonçant : « Le ministre de la communication Patrick Muyaya s'est fait enrôlé dans l'armée pour rejoindre les militaires à GOMA »(sans correction). Un post ayant accumulé 1600 mentions ‘j’aime’, 654 commentaires et plus de 20 partages. En commentaire, un internaute appelle tous les membres du gouvernement congolais à s’enrôler dans l’armée.
Le cabinet du ministère dément l’information
Pour établir les faits, Eleza Fact a contacté Prince Lukeka, membre du cabinet du ministère de la Communication et Média via messagerie whatsapp, et ce dernier a confirmé à Eleza Fact que le porte-parole du gouvernement congolais ne s’est pas enrôlé dans l’armée.
« L'information est fausse. Son Excellence Monsieur le ministre de la communication et des médias, porte-parole du gouvernement, est tellement engagé dans les démarches politiques mises en œuvre pour défendre la patrie, il le fait à travers le front médiatique. Il n’est pas nécessairement obligé d’être engagé dans l’armée pour faire ce travail », a déclaré Prince Lukeka à Eleza Fact.
Utilisant l’outil Google Images, nous avons découvert que l’image a été publiée sur le compte X de Patrick Muyaya (lien archivé) en date du 15 décembre 2023, alors que ce dernier recevait sa carte d’identité en tant que citoyen congolais auprès du directeur de l’Office Nationale d’Identification de la Population (ONIP) et le Directeur Afrique de l’entreprise IDEMIA lors d’un briefing-Presse. Dans ce post, Patrick Muyaya affirme : « Après presque 40 ans, les congolais pourront désormais avoir une carte d’identité. Un engagement pris, un engagement tenu et désormais, nous pourrons désormais avoir un fichier général de la population et de la planification de notre développement ».
La même image est reprise dans un article de Média Congo (Lien archivé) mis en ligne le 16 décembre 2023 avec comme titre : « “40 ans après, les Congolais détiennent dorénavant leur carte d'identité..." (Patrick Muyaya) ».
Dispositions légales sur le statut du militaire en RDC
Selon les dispositions légales de la loi-cadre n°13/005 du 15 janvier 2013 régissant le statut des militaires des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, publiée dans le Journal Officiel, Patrick Muyaya ne peut pas intégrer l'armée. En effet, cette loi interdit formellement à tout militaire d'accepter un mandat électif ou d'adhérer, ou de prêter son concours, à un mouvement, groupement, organisation ou association de caractère politique, ethnique ou tribal. Ainsi, étant Ministre de la Communication et des Médias, et porte-parole du Gouvernement congolais, ainsi que membre actif du parti politique "Parti Lumumbiste Unifié" (PALU), Patrick Muyaya ne peut tout simplément pas, de par ces dispositions légales, être enrôlé dans l’armée.
Capture de l'article n°20 publié dans le journal officiel portant sur l'interdiction au militaire d'accepter un mandat électif
Conclusion
Les recherches d’Eleza Fact ont prouvé que Patrick Muyaya, Ministre de la Communication et des Médias, et porte-parole du gouvernement congolais, ne s’est pas enrôlé dans l’armée. En utilisant Google Images, il a été découvert que l’image en question a été prise le 15 décembre 2023, lorsqu'il recevait sa carte d’identité en tant que citoyen congolais auprès du directeur de l’Office National d’Identification de la Population (ONIP) et du directeur Afrique de l’entreprise IDEMIA. Vu son statut d’homme politique, les dispositions légales ne permettent pas à Patrick Muyaya d’intégrer l’armée de la RDC. Voilà pourquoi il est toujours crucial de vérifier les informations avant de les partager, afin d'éviter d'attiser les tensions et de semer la confusion dans l'opinion publique.
Edité par Daniel Makeke